Définition de ABSOLU, UE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : ab-so-lu, lu-e, ou, suivant la prononciation réelle, ap-so-lu

DÉFINITIONS

1
Qui n'est lié, borné, retenu par rien. Une impossibilité absolue. Il y a peu de vérités absolues. Domination absolue.
Je veux être maître absolu
Et vous quittez ainsi la puissance absolue
De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse
Ce Dieu maître absolu de la terre et des cieux
Les femmes ont un empire absolu sur les hommes
de Blaise PASCAL dans éd. Cousin.
Avais-tu résolu d'opprimer ta patrie, D'abandonner ton père au pouvoir absolu ?
Il me semble surtout incessamment le voir Déposer en nos mains son absolu pouvoir
Rome l'ordonne ainsi de puissance absolue
Ô Romains ! ô vengeance ! ô pouvoir absolu ! ô rigoureux combat d'un coeur irrésolu !
Ce domaine absolu qui soumet à votre empire tous les êtres créés
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 422
Dans l'absolue et affreuse incertitude où je suis, si vous m'avez pardonné
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 79
2
Sens absolu. Vous prenez ce que je dis dans un sens trop absolu.
3
Sémantique : En termes de grammaire et de logique, absolu se dit par opposition à relatif. Homme est un terme absolu, père est un terme relatif.
4
Sémantique : En termes de grammaire latine et grecque, ablatif absolu, génitif absolu, ablatif, génitif qui n'est régi par aucun mot exprimé.
5
Qui a pouvoir, autorité sans restriction. Un roi absolu.
Les derniers règnes où l'on voit non-seulement les rois majeurs, mais encore les pupilles et les reines mêmes si absolues et si redoutées
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans R. d'Angl.
Une créance si absolue que pour cela je dois démentir tous mes sens, imposer silence à ma raison, lui faire violence, et la tenir assujettie sous le joug
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. III, p. 185
Un pouvoir fondé sur une mission divine et absolue ne se peut ni restreindre, ni circonscrire
de MIRAB. dans Collection, t. IV, p. 341
Les autres enfants lui défèrent [à un autre enfant], et il se forme alors un gouvernement absolu, qui ne roule que sur le plaisir
de Jean de LA BRUYÈRE dans 11
Il craignait d'avoir un rival qui, tout éloigné qu'il eût été, eût pu l'empêcher d'être heureux, même dans un pays où il était absolu
Je veux croire.... Que mes yeux sur votre âme étaient plus absolus
Et dans ce même trône où vous m'avez voulu, Sur moi comme sur tous je dois être absolu
Mais je sais que sur lui vous êtes absolue
Oui sur tous mes désirs je me rends absolu
Mais songez que les rois veulent être absolus
L'empereur, libre alors de craintes et de soins, Étant plus absolu, nous écouterait moins
Ô vue ! ô sur mon coeur regards trop absolus
6
Pouvoir absolu se dit en politique du pouvoir royal, quand il n'est pas limité par une constitution, et que le prince peut faire des lois, en abroger, et lever des impôts sans consulter les représentants de la nation.
7
Qui commande, qui veut être obéi. Il a un caractère absolu. Absolu dans sa famille. Une mère absolue.
Vous le prenez là d'un ton bien absolu
C'est elle qui gouverne, et d'un ton absolu Elle dicte pour loi ce qu'elle a résolu
Antiope pleura, ne voulant point y aller ; mais il fallut exécuter l'ordre absolu de son père
Gens humbles et souples jusqu'à la bassesse devant les puissances qui sont sur leur tête ; mais absolus et fiers jusqu'à l'insolence envers ceux qu'ils ont sous leur domination
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 223
8
Sémantique : En termes de chimie, pur, sans mélange. Alcool absolu, alcool sans eau.
9
Le jeudi absolu se disait autrefois pour le jeudi saint
10
Sémantique : En termes de métaphysique, qui n'est pas relatif, qui n'a rien de contingent. Les idées absolues sont celles qui, d'après la métaphysique, ne viennent pas de l'expérience.
11
Nature : S. m. Sémantique : En termes de métaphysique, l'absolu, ce qui existe indépendamment de toute condition. La recherche de l'absolu. L'absolu est la base des philosophies qui ne prennent pas pour point de départ l'expérience.
L'absolu, de quelque genre qu'il soit, n'est ni du ressort de la nature ni de celui du genre humain
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Homme, Arithm. morale.
L'absolu, s'il existe, n'est pas du ressort de nos connaissances ; nous ne jugeons et nous ne pouvons juger des choses que par les rapports qu'elles ont entre elles
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Animaux carnassiers.
En prose, absolu ne se met guère qu'après son substantif.

SYNONYME

1
ABSOLU, IMPÉRIEUX. Un homme impérieux commande avec empire ; un homme absolu veut être obéi avec exactitude. L'un peut n'exiger que de la déférence ; l'autre veut de la soumission. On est impérieux par le ton, le langage ; on peut être absolu en conservant de la douceur dans les formes. Un monarque impérieux est celui qui commande avec hauteur à ceux qui l'entourent ; un monarque absolu est celui qui règne en maître sur ses sujets. On peut être impérieux et faible : sans fermeté on n'est pas absolu. On n'est impérieux que par moments : un caractère absolu se fait sentir sans interruption, GUIZOT.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Jamais n'ert [ne sera] tel en France l'asolue [la parfaite]
dans Ch. de Rol. 168
2
XIIIe s.
Sire, fait-il, si [je] sui venus ; Confès [je] veuil estre et absolus [absous]
dans Lai du désiré
Il me demanda si je lavoie les piés aux poures le jeudi absolu [saint], et je lui respondi que nenil
Comment querreiz à Dieu merci, Se la mors en vos liz vous tue ? Vous veeiz la terre absolue [sainte], Qui à vos tenz nous ert tolue, Dont j'ai le cuer triste et marri
de RUTEBEUF dans 61
3
XVe s.
Et pourtant le dit duc, très grievement au coeur courroucé, crut son conseil, lequel fit faire reponse absolut aux françois
de Enguerrand de MONSTRELET dans II, 99
[Un roi] Qui a subgiez, commandement et loy, Et qui moult puet de biens et de maux faire Par son pouvoir absolu, voluntaire
de Eustache DESCHAMPS dans Ce qui est nécess. aux rois.
Monseigneur le curé ne fut pas trop joyeux de cette réponse absolue [nette, tranchée]
de LOUIS XI dans Nouv. 49
4
XVIe S.
Or, quand je n'auroy, comme j'ai, ceste juste response absolute et universelle, qui....
de MARTIN DU BELLAY dans 493
Absolu et parfaict tant en vertus comme en tout sçavoir liberal
Un sermon que fit pere Ange à Paris le jeudi absolu
Reconnoyssant que l'absolu pouvoir que je vous [à son frère Henri IV] ai donné sur mes vollontés ne vous peut faire changer....
dans Lett. de Catherine de Nav. Bibl. des Chartes, 4e série, t. III, p. 146

ÉTYMOLOGIE

1
Absolutus, de absolvere, délier et par suite absoudre (voy. ABSOUDRE) ; provenç. absolut ; espagn. absoluto ; ital. assoluto.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
En mécanique, le mouvement absolu d'un point est le mouvement de ce point rapporté à des points de repère fixes ; par opposition à mouvement relatif, qui est ce même mouvement rapporté à des points de repère mobiles.
2
Ajoutez :
À l'absolu, en termes de commerce, complétement.
Laine entièrement dégraissée et desséchée à l'absolu
dans Journ. offic. 7 février 1872, p. 926, 1re col.
3
Sémantique : Terme de thermodynamique. Zéro absolu, voy. ZÉRO, n° 2.
Température absolue, température comptée à partir du zéro absolu, ou - 273 centigrades.

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